GARGANTUA

Déjà tout petit, Gargantua était un géant ! Ses parents, Grandgousier et Gargamelle, le laissaient libre de mener sa vie à sa guise. En gros, Gargantua gambadait, mangeait et cavalait derrière les papillons… puis, à l’âge de cinq ans, vint le temps de l’instruction.

Les méthodes traditionnelles ne convenant pas à Gargantua, il fut confié à Ponocrates, un pédagogue humaniste. Avec lui, Gargantua se levait à 4h du matin. Après, pendant la toilette, il écoutait la lecture des saintes Écritures et priait, « puis allait es lieux secretz faite excrétion des digestions naturelles », écrit Rabelais. Il observait ensuite le temps qu’il allait faire, il s’habillait et se peignait et venait le moment de travailler aux lectures et aux leçons. Mais surtout – grande nouveauté – c’était le temps des jeux, « en liberté », c’est-à-dire en plein air : Gargantua fait du sport ! Équitation, natation, escrime, jeu de balle et de paume : après que Gargantua a suffisamment sué, il « était très bien essuyé et frotté » et « changeaient de chemise ».

Voilà c’était l’heure du repas : « Monsieur l’Appétit venait, et par bonne opportunité s’asseyaient à table. » Cette matinée gargantuesque était enfin terminée !

Quand Rabelais écrit son Gargantua, en 1534, il laisse une grande place à l’exercice physique dans l’éducation de son géant : Rabelais, lui, parle d’« exercitation corporelle » ! Au même moment, dans les collèges, l’éducation traditionnelle se plaît à nier le corps : la nourriture est chiche et d’une tristesse implacable… Tout est orienté vers la tête, qu’il faut remplir, de force, avec des textes en latin qui sont appris par cœur même s’ils ne sont pas compris. Le corps n’a aucune place dans les salles de classe car le corps, c’est sale… et d’ailleurs, en l’absence d’hygiène, il y a de la crasse à tous les étages ! Pour quelques-uns, les plus riches, l’éducation était une absence de contrainte : gros dodo et grosse bouffe, cela « corrompant toute fleur de jeunesse », écrit Rabelais.

Alors pourquoi accorde-t-il autant d’importance au sport, aux « exercitations corporelles » comme il dit ? Rabelais ne s’est tout de même pas réveillé un beau matin du XVIe siècle en se disant : tiens, faisons du sport, c’est chouette !

Science sans conscience n’est que ruine de l’âme… et ruine du corps aussi !
Le sport, c’est l’humanisme et l’humanisme, c’est la Renaissance ! Mais la renaissance de quoi, d’ailleurs ? C’est la renaissance des savoir de l’Antiquité, quand les hommes d’esprit étaient magnifiés à l’instar des athlètes.

Rabelais fait ses études de médecine à l’université de Montpellier, où il enseigne. Il a lu Galien, Galien de Pergame, un médecin grec du IIe siècle de notre ère. Et Galien s’était intéressé à la gymnastique : pour éviter d’être malade, il faut pratiquer une activité physique ! Un message vieux de quatorze siècles… Les érudits humanistes s’approprient les réflexions de leurs antiques ancêtres et en concluent que “science sans conscience n’est que ruine de l’âme”… et ruine du corps aussi !

Un corps bien fait pour une tête bien faite.
Dans Gargantua, sous couvert de nous amuser – et il nous amuse beaucoup – Rabelais veut changer l’homme ! Il faut connaître son corps. C’est aussi important que comprendre ce que l’on lit ! Ce qui nous paraît aujourd’hui une évidence est un bouleversement éducatif. C’est la révolution humaniste !

Bien sûr, l’éducation de Gargantua est un idéal… d’ailleurs nous ne sommes pas des géants… mais hygiène, sport et savoir sont associés dans l’œuvre de Rabelais.

Et le plaisir aussi : Gargantua a besoin d’assouvir ses besoins sexuels et alimentaires ! Bref, Rabelais nous offre de bonnes résolutions pour cette nouvelle année !

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